Arthur Schopenhauer
- L'Art d'avoir toujours raison : La généralisation des arguments adverses.
Il s'agit de prendre une proposition relative, et de la poser comme absolue ou du moins la prendre dans un contexte complètement différent et puis la réfuter. L'exemple d'Aristote est le suivant : le Maure est noir, mais ses dents sont blanches, il est donc noir et blanc en même temps. Il s'agit d'un exemple inventé dont le sophisme ne trompera personne. Il faut donc prendre un exemple réel.
Arthur Schopenhauer
- L'Art d'avoir toujours raison : l'homonymie
Ce stratagème consiste à étendre une proposition à quelque chose qui a peu ou rien à voir avec le discours original hormis la similarité des termes employés afin de la réfuter triomphalement et donner l'impression d'avoir réfuté la proposition originale.
Arthur Schopenhauer
- L'Art d'avoir toujours raison : L'extension
Il s'agit de reprendre la thèse adverse en l'élargissant hors de ses limites naturelles, en lui donnant un sens aussi général et large que possible et l'exagérer, tout en maintenant les limites de ses propres positions aussi restreintes que possible. Car plus une thèse est générale et plus il est facile de lui porter des attaques. Se défendre de cette stratégie consiste à formuler une proposition précise sur le puncti ou le status controversiae.
Arthur Schopenhauer
- L'Art d'avoir toujours raison
Il n'y a pas d'opinion, si absurde soit-elle, que les hommes ne sont pas prêts à embrasser dès qu'ils peuvent pourvu qu'on puisse les convaincre que c'est une vue généralement admise. L'exemple affecte leur pensée et leurs actions. Ils sont comme des moutons, suivant celui qui porte le grelot où qu'il les mène : il est pour eux plus facile de mourir que de réfléchir.
F. Scott Fitzgerald
- Gatsby le magnifique
Il me sourit avec une sorte de complicité - qui allait au-delà de la complicité. L'un de ces sourires singuliers qu'on ne rencontre que cinq ou six fois dans une vie, et qui vous rassure à jamais. Qui, après avoir jaugé - ou feint peut-être de jauger - le genre humain dans son ensemble, choisit de s'adresser à vous, poussé par un irrésistible préjugé favorable à votre égard. Qui vous comprend dans la mesure exacte où vous souhaitez qu'on vous comprenne, qui croit en vous comme vous aimeriez croi.
Edgar Allan Poe
- Histoires extraordinaires
Pour être heureux jusqu'à un certain point, il faut que nous ayons souffert jusqu'au même point. Ne jamais souffrir serait équivalent à n'avoir jamais été heureux. Mais il est démontré que dans la vie inorganique la peine ne peut pas exister ; de là la nécessité de la peine dans la vie organique. La douleur de la vie primitive sur la terre est la seule vase, la seule garantie du bonheur dans la vie ultérieure, dans le ciel.
Edgar Allan Poe
- Histoires extraordinaires
Il y a deux corps : le rudimentaire et le complet, correspondant aux deux conditions de la chenille et du papillon. Ce que nous appelons mort n'est que la métamorphose douloureuse ; notre incarnation actuelle est progressive, préparatoire, temporaire ; notre incarnation future est parfaite, finale, immortelle. La vie finale est le but suprême.
Edgar Allan Poe
- Histoires extraordinaires
Quand je veux savoir jusqu'à quel point quelqu'un est circonspect ou stupide, jusqu'à quel point il est bon ou méchant, ou quelles sont actuellement ses pensées je compose mon visage d'après le sien, aussi exactement que possible, et j'attends alors pour savoir quelles pensées ou quels sentiments naîtront dans mon esprit ou dans mon cœur, comme pour s'appareiller et correspondre avec ma physionomie.
Edgar Allan Poe
- Histoires extraordinaires
En général, les coïncidences sont de grosses pierres d'achoppement dans la route de ces pauvres penseurs mal éduqués qui ne savent pas le premier mot de la théorie des probabilités, théorie à laquelle le savoir humain doit ses plus glorieuses conquêtes et ses plus belles découvertes.
Douglas Adams
- La Vie, l'Univers et le Reste - H2G2, tome 3
Vous ne voyez peut-être pas immédiatement le rapport mais c'est parce que mon esprit travaille à une vitesse tellement phénoménale et que je suis - c'est une très grossière approximation - trente milliards de fois plus intelligent que vous. Laissez-moi vous fournir un exemple. Pensez à un chiffre, n'importe lequel. - Euh, cinq. - Faux. Vous voyez ? Le matelas fut effectivement fort impressionné et comprit qu'il était en présence d'un esprit hors du commun.
Bernard Werber
- Le Rire du cyclope
C'est le vide qui crée l'appréciation du plein. Pour les moines il faut faire voeu de silence pour goûter le plaisir de parler, il faut jeûner pour savourer la nourriture, faire abstinence pour apprécier la puissance de l'acte charnel. C'est le silence qui nous apprend à jouir de la musique. C'est l'obscurité qui nous apprend à comprendre les couleurs.
Bernard Werber
Le roman est le contraire de l'article. Le roman prend le lecteur pour un être capable de se forger seul une opinion. L'article veut le forcer à avoir la même opinion que le journaliste et pour appuyer l'effet il utilise un subterfuge : la photo avec légende.
Groucho Marx
Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu'un l'allume chez moi, je vais dans la pièce d'à côté et je lis un livre.
Stefan Zweig
- Le Joueur d'échecs
Les monomaniaques de tout poil, les gens qui sont possédés par une seule idée m'ont toujours spécialement intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l'infini.
John Ronald Reuel Tolkien
- Bilbo le Hobbit
Me souhaitez-vous le bonjour ou constatez-vous que c'est une bonne journée, que je le veuille ou non, ou que vous vous sentez bien ce matin, ou encore que c'est une journée où il faut être bon ?
Alexandre Dumas
- Caligula : À la bonne heure.
À la bonne heure. (Il boit.) Écoute, maintenant. (Rêveur.) Il était une fois un pauvre empereur que personne n'aimait. Lui, qui aimait Lepidus, fit tuer son plus jeune fils pour s'enlever cet amour du cœur. (Changeant de ton.) Naturellement, ce n'est pas vrai. Drôle, n'est-ce pas ? Tu ne ris pas. Personne ne rit ? Écoutez alors. (Avec une violente colère.) Je veux que tout le monde rie. Toi, Lepidus, et tous les autres. Levez-vous, riez. (Il frappe sur la table.) Je veux, vous entendre, je veux.
Alexandre Dumas
- Le Comte de Monte-Cristo : Supposez …
Supposez que le Maître suprême, après avoir créé le monde, après avoir fertilisé le chaos, se fût arrêté au tiers de la création pour épargner à un ange les larmes que nos crimes devaient faire couler un jour de ses yeux immortels. Supposez qu'après avoir tout préparé, tout pétri, tout fécondé, au moment d'admirer son oeuvre, Dieu ait éteint le soleil et repoussé du pied le monde dans la nuit éternelle, alors vous aurez une idée, ou plutôt non, non, vous ne pourrez pas encore vous faire une idée
Alexandre Dumas
- Le Comte de Monte-Cristo : Je n'ai que deux adversaires.
Je n'ai que deux adversaires ; je ne dirai pas deux vainqueurs, car avec la persistance je les soumets : c'est la distance et le temps. Le troisième, et le plus terrible, c'est ma condition d'homme mortel. Celle-là seule peut m'arrêter dans le chemin où je marche, et avant que j'aie atteint le but auquel je tends : tout le reste, je l'ai calculé.
Alexandre Dumas
- Le Comte de Monte-Cristo : l'amour de son prochain.
Menez deux moutons à la boucherie, deux boeufs à l'abattoir, et faites comprendre à l'un d'eux que son compagnon ne mourra pas, le mouton bêlera de joie, le boeuf mugira de plaisir ; mais l'homme, l'homme que Dieu a fait à son image, l'homme à qui Dieu a imposé pour première, pour unique, pour suprême loi, l'amour de son prochain, l'homme à qui Dieu a donné une voix pour exprimer sa pensée, quel sera son premier cri quand il apprendra que son camarade est sauvé ? Un blasphème.
Alexandre Dumas
- Le Comte de Monte-Cristo : le philosophe
Je sonnai pour qu'on m'apportât de la lumière, personne ne vint ; je résolus alors de me servir moi-même. C'était d'ailleurs une habitude de philosophe qu'il allait me falloir prendre.